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Tadao Ando to convert Paris stock exchange into art gallery

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tadao Ando to convert Paris stock exchange into art gallery

 

Nous parachevons, ici, une série de billets qui a démarré avec « Le théorème irrésolu de Pier Paolo Pasolini », en 2015, et s’est conclue par le biais d’une récente revue des procédés à l’œuvre dans la littérature du Marquis de Sade ou de Michel Houellebecq. C’est, probablement, la dernière mouture cinématographique du personnage dantesque du Joker qui a agi comme un catalyseur nous forçant à nous épancher sur l’inextricable théorème de la vertu corrompue par le vice. Qu’est-ce que le Joker incarné par Joaquin Phoenix et Salo de Pasolini ont en commun ? C’est bien simple : l’oligarchie, au nom d’un pouvoir suprême conféré par une « ascendance divine », massacre l’innocence de ses victimes, ceux qui feignent de regarder « ailleurs ».

Par Patrice-Hans Perrier

Quand le pouvoir inverse les rôles afin d’assumer sa pérennité

 

Circonscrire un mal primordial

Le pouvoir, afin d’asseoir sa légitimité, travaille invariablement sur le consentement collectif en isolant les récalcitrants afin de circonscrire un « mal primordial » qui menace la cohésion de son écosystème. Ceux et celles qui refusent de se prosterner face à l’horreur du quotidien domestiqué sont qualifiés de « mésadaptés » et doivent, conséquemment, se plier à un processus de réadaptation à défaut de quoi ils seront traqués comme des « hérétiques ». Inversant les rôles, la caste des possédants se lave les mains en invoquant son devoir de gardiens d’un troupeau qu’il convient de préserver des conséquences d’un mal rampant aux abords de la citadelle de cette cité fantasmée.

 

Le déviant, l’« hérétique », rôde et il faut à tout prix circonvenir son influence auprès d’un troupeau qui assure et assume le principe du travail quotidien. Incapable de se plier aux exigences du tripalium, l’ « hérétique » représente une figure dangereuse pour les gardiens de l’orthodoxie d’un pouvoir incapable de se légitimer en dehors de la création d’une mythologie de circonstance. Qu’il s’agisse de préserver les valeurs christiques, familiales ou « progressistes », le pouvoir aux manettes table plus que jamais sur l’injonction « tu travailleras à la sueur de ton front » pour légitimer et pérenniser l’organisation du travail sur laquelle il s’appuie afin de garantir ses prébendes. Les vertus sont détournées de leur lit, comme des affluents susceptibles d’actionner la machinerie infernale d’une doxa prêchée par une caste de prêtres ou d’idéologues au service de l’oligarchie. Et, contre toute attente, c’est toujours une seule et même oligarchie malfaisante qui se maintient au pouvoir depuis la nuit des temps.

 

Une mécanique infernale

 

La fonction tripartite assumée par les castes des prêtres, guerriers et laboratores est éternelle et ne concerne pas que l’occident pré ou postchrétien. Si elle a, bel et bien, été remaniée durant le cours de la postmodernité, son schéma organique demeure inébranlable. On a qu’à voir comment les grands prêtres du transhumanisme, néo-gnostiques s’appuyant sur les nouvelles technologies, instrumentalisent les forces de l’OTAN pour asservir une plèbe qui est incapable de fédérer toute forme d’insoumission. D’ailleurs, le personnage quasi moyenâgeux du Joker incarne à merveille une part croissante des anciens citoyens de cette cité postmoderne complètement dévoyée par d’obscures forces chthoniennes. La classe moyenne réduite en peau de chagrin, des cohortes de migrants sans qualification déferlant aux quatre coins de l’occident et le pouvoir d’achat des masses complètement détruit, il ne reste plus que la multiplication des « lignes de crédit » afin de maintenir un semblant de cohésion sociale. Cette fuite en avant ne fait que traduire l’état des choses : les hydrocarbures et tout l’édifice de l’autonomie énergétique sont gravement menacés dans un contexte où l’économie des prédateurs a été supplantée par celle des spéculateurs.

 

La cohésion sociale se délitant, une nuée d’électrons libres menace de faire imploser l’édifice sociétal, libérant les forces chthoniennes à l’œuvre derrière la façade d’emprunt d’une société incapable de justifier ses Assise (s). « Dieu est mort », la « République des Lumières est morte », le pouvoir d’achat … achève de rendre l’âme. In fine, cette « mort à crédit », si elle s’apparente à une violente fuite en avant, ne fait que traduire le passage effectif de la civilisation du commerce vers celle de l’information quantique. La boucle est bouclée : les grands régisseurs de l’ORDO ramènent le culte solaire à l’ordre du jour, ce Sol Invictus qui est vénéré par les « soldats du Pape » et leurs affidés.

 

Prêcher des vertus détournées

 

L’actuel grand Pontifex prêche une « simplicité volontaire » qui cadre à merveille avec les desiderata d’une hyperclasse qui souhaite se débarrasser dans les meilleurs délais des laboratores. Voilà pourquoi Greta Thunberg a été reçue cordialement par le Saint-Père tout dernièrement … la passionaria de l’environnement, manipulée par les mêmes forces chthoniennes à la manœuvre, qui porte les Tables de la taxe carbone sur ses frêles épaules. Parce que les taux d’intérêt inversés signifient que l’ère des laboratores est révolue. Bienvenu dans l’ère de l’esclavage postmoderne où tous devront, de gré ou de force, circuler. Le Grand Nautonier de la cité vaticane faisant office de passeur favorisant la fuite des artisans de la contrefaçon d’une rive à l’autre. Le temps que se délite la glèbe informe qui avait été affublée du sobriquet de « société ». Si la compassion est prêchée quotidiennement, c’est invariablement au profit de « l’autre », transfuge qui n’a pas de port d’attache qui participe, conséquemment, à ce grand vortex infernal dantesque qui malaxe la cité des hommes. Au nom de la cité des dieux.

 

L’inquisition sera rétablie

 

Les loups qui se sont déguisés en brebis travaillent de façon luciférienne afin de retourner toutes les valeurs de l’occident en leurs contraires. Ainsi, c’est au nom de la compassion, de la justice, du respect de la terre, du partage et de l’intégrité que les authentiques patriotes sont pointés du doigt, traqués et finiront bien par être liquidés au gré de cette impitoyable machination. Ceux qui s’imaginent qu’on entre dans l’ère du Verseau, libres et ouverts sur le monde, ne comprennent pas que les maîtres de la DOXA ambitionnent de rétablir l’inquisition. C’est presque déjà fait … et, contre toute attente, ce ne sont pas les frères prêcheurs qui s’en occuperont, mais une milice qui adore un Dieu solaire « sans oubli, ni pardon ».

 

L’historien et académicien Daniel-Rops avait vu juste dans son opus intitulé « L’Église de la Cathédrale et de la Croisade ». Dans un chapitre consacré à la lutte de l’inquisition médiévale contre l’hérésie, Daniel-Rops, qui pourtant défend cette institution, ne peut s’empêcher de laisser tomber cette perle : « Si le crime est pire encore, et le scandale épouvantable, le condamné est remis « au bras séculier ». Cette pudique formule ne doit pas faire illusion et il ne convient pas, comme Joseph de Maistre, d’assurer que seul le pouvoir laïque était responsable de la mort de ceux qui lui étaient livrés : les Inquisiteurs savaient parfaitement qu’en remettant un homme au bras séculier, ils l’envoyaient à la mort. Par horreur du sang […], l’Église préférait procéder ainsi, mais le résultat était connu d’avance ».

 

La rectitude politique qui constitue une sorte de « manuel de l’inquisiteur » postmoderne ne tolère aucune déviation doctrinale et les récalcitrants, sommés de porter le bonnet du fasciste, deviennent des parias au cœur d’une cité électronique qui permet de les traquer aux quatre coins de l’univers virtuel. Pier Paolo Pasolini, assassiné par les ordres noirs, avait parfaitement raison d’affirmer que « ce nouveau Pouvoir, que personne ne représente encore et qui est le résultat d’une « mutation » de la classe dominante, est donc en réalité – si nous voulons conserver la vieille terminologie – une forme « totale » de fascisme ». Bien évidemment, les esprits éveillés auront compris qu’il ne s’agit pas d’inverser les rôles entre la bonne vieille droite pourrie et une gauche post-soixante-huitarde désormais aux ordres du grand capital apatride.

 

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