Par James Howard Kunstler – Le 6 Décembre 2021 – Source kunstler.com
La thèse de la formation de la psychose collective avancée dernièrement par le psychologue belge Mattias Desmet – un bon résumé ici en texte, pas en vidéo – explique en grande partie la dégoutante confusion mentale dans laquelle la société occidentale est tombée à notre époque, promulguée par une classe pensante qui a sombré dans une folie abjecte. Cela vaut la peine de l’examiner.
Cette chute vient de l’angoisse existentielle créée par l’effondrement des économies techno-industrielles et de la fin du progrès tel que nous le connaissions. (Vous avez remarqué : ce sont les « progressistes » autoproclamés qui sont devenus les plus fous). Comme l’explique le Dr Desmet, la déconnexion de la vie contemporaine, son manque de sens ou de but pour beaucoup, conduit à une anxiété insupportable. Toute cette peur inchoative cherche désespérément à s’attacher à un objet réel, à une chose ou à une force que l’on peut comprendre, combattre et vaincre triomphalement. Trouver une telle cible produit un sentiment enivrant de connexion communautaire, de but et de sens, qui conduit à des actions souvent folles et aussi absolument imperméables au débat rationnel.
L’angoisse de l’Amérique était bien établie en 2016. Une classe moyenne abattue soupçonnait les politiciens de centre gauche de ne pas avoir leurs intérêts à cœur après des années de délocalisation de leurs emplois, et ils ont réussi à élire leur avatar, Donald Trump, contre la globaliste manifestement antipathique, Hillary Clinton – qui qualifiait avec snobisme son opposition de « déplorables ». Malgré cela, les sondages la donnaient largement en tête. Puis, par un étrange coup du sort, elle a perdu quelques comtés cruciaux dans des États du Midwest qu’elle n’avait pas pris la peine de visiter, et était apparemment trop bourrée après minuit le soir de l’élection pour venir consoler les troupes au quartier général de la campagne. Le résultat choquant de l’élection a instantanément dérangé l’ensemble de la classe managériale du pays et ses interlocuteurs qui réfléchissent à voix haute dans les médias d’information et sur les campus.
Le Golem d’or de la grandeur, comme j’aimais appeler M. Trump, était la cible parfaite pour leur animosité. Menaçant de « nettoyer le marais », il allait briser les privilèges de pouvoir qu’ils avaient durement acquis et les priver de leurs privilèges habituels, comme les diverses portes tambours entre les grandes entreprises et leurs régulateurs. De plus, sa personnalité brutale offensait leur propre prétention à la bienséance (dans la poursuite de ce pouvoir et de ces avantages). Ils ont décidé qu’il devait partir, et vite, et toute la classe managériale et ses alliés ont serré les rangs pour y parvenir, notamment les agents vicieux de la « Communauté » des renseignements, qui ont alimenté de force toute la machinerie juridique fédérale – les instruments officiels de la punition.
Si seulement ils pouvaient faire tomber M. Trump du plateau de jeu, les problèmes de l’Amérique seraient terminés. Nous pourrions nous remettre sur les rails pour devenir une utopie d’inclusion, de diversité, d’équité et de voitures électriques à conduite autonome. Pendant quatre ans, le FBI, le DOJ et d’autres acteurs distribués (comme la taupe de la CIA, Eric Ciaramella, et son co-éditeur de la NSA, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, ainsi que d’ignobles voyous du Congrès comme le représentant Adam Schiff et le sénateur Mark Warner) ont battu le président Trump comme une piñata, violant négligemment la loi même qu’ils étaient censés représenter dans le processus. Cette punition s’est accompagnée d’un répertoire croissant de rituels cultuels – en particulier autour de la race et du genre – avec de riches opportunités pour le nouveau comportement appelé signal de vertu, qui était essentiellement un jeu de collecte de points de fidélité à des fins de recherche de statut dans la nouvelle hiérarchie morale des « Woke ». Les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, ont amplifié tous les éléments insensés des messages des « Woke ». Comme le dit le Dr Desmet, « plus les rituels sont absurdes, plus ils y adhèrent ».
Cette opposition démoniaque à M. Trump, et tous les jeux qui en découlent, ont produit l’intoxication caractéristique propice à former une psychose collective. C’est-à-dire que la gauche est devenue une grande communauté douillette de personnes initiées à un catéchisme de vérités sacrées. L’important, c’est qu’ils se sentent unis dans leur lutte. Les gens qui étaient sous l’emprise de ce phénomène appartenaient enfin à quelque chose, à une solidarité de certitude, à un organisme social dans lequel on pouvait se perdre, anxieux et craintif. Fini la solitude et l’ennui. Ils étaient imprégnés d’un sens de l’objectif : la mise à mort rituelle du monstre appelé Trump – des millions de Capitaine Willards héroïques remontant la rivière pour décapiter le Colonel Kurtz, le renégat. Le rôle des médias d’information était de renforcer tout cela, avec autant de mauvaise foi et de malhonnêteté qu’ils pouvaient, au service de la formation d’un consensus qui a finalement été appelé « le récit ou narrative » – un catalogue auto-renforcé de pensées approuvées. La bande de journalistes anti-Trump a récolté de nombreux points de fidélité, y compris des prix Pulitzer pour leurs reportages totalement mensongers.
Le problème, c’est que malgré tous leurs efforts épiques, ils n’ont pas vraiment gagné. L’extravagance du RussiaGate a fait long feu – et pourrait même déboucher sur des condamnations pénales si l’avocat indépendant John Durham s’avérait être réel. Le rapport Mueller n’a rien donné, à la grande déception de Rachel Maddow, qui remue frénétiquement sa pomme d’Adam. L’impeachment de l’UkraineGate a fait un flop. C’était agréable d’avoir un but et de se sentir membre d’un club exclusif, mais les Wokesters ont été incapables de « clouer cette vieille peau de rat au mur » (comme Lyndon B. Johnson l’a dit un jour à propos de la victoire de la guerre du Vietnam, que nous avons perdue). En janvier 2020, il semblait que M. Trump pourrait même être réélu – quelle horreur ! – si l’on considère que les candidats aux primaires du parti Démocrate étaient le groupe le plus désespéré de has been, de nuls, de fous et de marchandises endommagées jamais rassemblés pour un tel concours. Mais qu’est-ce qu’on en sait ? La Covid-19 est passé par là.
Le Corona a été une bouée de sauvetage pour le Wokesterisme chancelant, une corne d’abondance de bienfaits, le cadeau qui continue à donner ! Il a donné l’occasion au cartel public-privé le plus lâche de tout le pays, le gang CDC / FDA / NIH / NIAID / Big Pharma, d’exercer un incroyable pouvoir sur le Golem d’Or de la Grandeur et finalement sur toutes les nations de la civilisation occidentale. Le Dr Anthony Fauci, perfide, avide d’argent et médicalement incompétent, a été placé sous le coude de M. Trump en tant que coordinateur national de la Covid-19. Il s’est joué du Président comme d’un bugle pendant la majeure partie de l’année 2020 – et, au fur et à mesure que l’année avançait, M. Trump semblait s’en douter douloureusement lors de tous ces horribles briefings quotidiens télévisés.
Nous n’entrerons pas ici dans les détails de l’effroyable gâchis du vaccin à ARNm, sauf pour dire qu’il a rapporté des milliards à ceux qui avaient un intérêt dans les brevets, y compris le Dr Fauci. Mais la Covid-19 a également fourni une excuse pour assouplir les réglementations électorales et ouvrir la voie à une fraude électorale colossale en novembre, avec Marc Elias de la bande de Lawfare (et également associé du cabinet d’avocats préféré du DNC, Perkins Coie) se précipitant d’un État à l’autre pour régler la machine électorale dans les circonscriptions clés pour une victoire de « Joe Biden » – et avec l’aide des centaines de millions de dollars de Marc Zuckerberg de Facebook. Jusque-là, rien dans toute la machinerie juridique militarisée du pays n’avait réussi à expulser l’objet de la haine de la classe dirigeante, mais l’élection allait le faire.
Rappelez-vous : les progressistes-occidentaux-marxistes-jacobins n’aiment rien de mieux que d’infliger une punition. En fait, si l’on fait abstraction de toutes leurs conneries idéologiques et combines qui y sont associées, le mouvement est strictement axé sur la coercition, sur le fait de bousculer les autres, de leur faire faire ce que les commissaires Woke veulent. Et il y a un côté clairement sado-masochiste dans tout ça. Ils savourent le fait d’annuler des personnes, de briser des carrières, de détruire des réputations, des moyens de subsistance, des mariages, des familles. Leurs dirigeants politiques n’ont aucun scrupule à exterminer des centaines de milliers de petites entreprises dans le cadre des confinements Covid-19 orchestrés par des héros Woke comme le maire Bill de Blasio de New York et les gouverneurs Gavin Newsom de Californie et Jay Inslee de l’État de Washington. Et, bien sûr, leurs chouchous de la rue, BLM et Antifa, ont défoncé les façades des magasins, pillé toutes les marchandises et incendié les bâtiments avec une joie folle.
Mais, plus important encore, la Covid-19 a donné à la gauche politique quelque chose d’autre sur lequel concentrer son angoisse une fois que M. Trump a finalement été balayé de la scène lors de cette élection bancale. Et jusqu’à ces dernières semaines de 2021, le virus a fourni une opportunité sans fin pour une mise en œuvre toujours plus grande de la coercition et de la tyrannie. Sauf que maintenant, soudainement, tout s’écroule. En Amérique, la clique derrière le président fantôme « Joe Biden » a appuyé sur la gâchette pour rendre les vaccinations obligatoires – avec des punitions sévères pour les réfractaires au vaccin – mais deux choses se sont produites : 1) le juge fédéral Terry Douglas, en Louisiane, a émis une injonction contre l’obligation qui s’applique dans les cinquante États ; et 2) la nouvelle a finalement commencé à se répandre – malgré tous les efforts des responsables américains de la santé publique pour la dissimuler – que les vaccins comportaient un risque sans précédent d’effets nocifs pour des médicaments utilisés de façon si désinvolte par des millions de personnes, en plus de leur efficacité négligeable dans la prévention des maladies et des contagions.
Les Européens, quant à eux, glissent de plus en plus profondément vers des mesures despotiques jamais vues depuis que la Gestapo a terrorisé le continent. Les Européens sont confrontés à la même source primaire d’anxiété que les Américains : l’effondrement de leurs économies techno-industrielles, sauf que leur situation est sans doute un peu plus délicate que la nôtre, puisqu’ils n’ont pratiquement pas de pétrole ni de gaz naturel pour faire fonctionner leur économie, et qu’ils souffrent d’une terrible incertitude quant à savoir qui leur en fournira. S’ils n’avaient pas perdu la tête à cause de ce qui s’est avéré être un virus plutôt minable – lorsqu’il est traité à temps avec un menu de médicaments disponibles à bas prix – et s’ils n’avaient pas déifié les faux vaccins sauveurs, ils pourraient être beaucoup plus préoccupés par la façon dont ils vont chauffer leurs maisons, fertiliser leurs cultures et produire des choses de valeur – en bref, rester civilisés.
Le hic, c’est qu’ils se sont donné jusqu’en février pour faire appliquer leurs stupides obligations de vaccination. La variante d’Omicron pourrait également les aider, puisqu’elle s’est avérée jusqu’à présent être un développement largement surestimé, discréditant la paranoïa entretenue par les médias. Leurs tribunaux pourront-ils agir comme les nôtres et mettre un terme à cette folie ? D’ici là, il est probable que nous assisterons à la défaite de la psychose collective, du moins en Amérique, car le pays est obligé de regarder en face la vérité sur ce qu’il s’est fait à lui-même.
Ou, du moins, ce sera la fin de ce chapitre de cette histoire. Peut-être que les Européens s’en sortiront aussi, en voyant l’effondrement narratif de l’Amérique. Ou sont-ils juste trop loin ? Il faut attendre les développements.
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone