Peu avant la moitié du premier siècle avant Jésus-Christ, alors que Jules César allait sur sa quarantaine en piaffant devant le pouvoir, un autre patricien perclus de dettes, Lucius Catilina, tenta un coup d’État à Rome. Le complot, mal tenu secret, fut éventé et déjoué par Cicéron : les conspirateurs et leur armée furent exterminés en combattant par la légion romaine à Pistorium. Cela fournit deux chefs d’œuvre à la littérature latine, Les Catilinaires de Cicéron, et La Conjuration de Catilina, de Salluste, sur lesquels la majorité des lycéens nés dans les années cinquante et avant, qui sont aujourd’hui le cœur de cible du coronavirus, a sué sang et eau en version latine.
La révolution mondialiste n’est pas une conspiration, elle avance sans masque, c’est sa marque de fabrique. Des textes annoncent ce qu’elle va faire, des études et des simulations suivent, puis des aveux à chaque étape du plan marquent ce qu’on est en train de faire, plus nets à mesure qu’avance le processus.
Le ton catastrophiste donné par La bombe P, Halte à la croissance ?, Le rapport de la montagne de fer et le rapport Brundtland (Notre avenir à tous) s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui, et le message est clair : les catastrophes touchant l’environnement et la santé sont liées, et elles ne sauraient être séparées des questions d’énergie et de développement. Elles menacent notre survie et imposent à la fois la décroissance et une nouvelle éthique. Ces problèmes globaux et interdépendants ne sauraient être réglés par les nations, dépassées à tous les sens du terme, ils postulent et rendent inévitable une structure mondiale. On retrouvera tout cela dans Beyond Interdependence, rédigé en 1991 par Jim MacNeill, Pieter Winsemius, Taizo Yakushiji pour la Commission Trilatérale.
Puis dans Sauver la planète Terre de l’ancien vice-président Al Gore, 1992.
Comme le petit Poucet semait son chemin de cailloux blancs, on voit les dirigeants internationaux confirmer l’objectif à l’occasion des grands événements ou des crises. En 1992 par exemple, lors de la Conférence de la Terre sur l’environnement de Rio, François Mitterrand, alors président de la République française, notait qu’un « Conseil de la terre » pour diriger la politique d’environnement n’était « pas si utopique » qu’il le paraissait alors. Plus récemment, on l’a dit, après la grande peur d’Ebola, Margaret Chan, alors directrice de l’OMS, a préconisé « un mécanisme de défense collectif pour assurer la sécurité sanitaire globale », tandis que le Belge Dirk Cuypers, qui représentait l’UE, réclamait « une ligne de commandement commune » et que le milliardaire Bill Gates proposait « un système mondial d’alerte et de réponse pour les épidémies ».
Cinq ans plus tard, l’ancien patron de Microsoft vient mettre en branle la machine à complots. Il a créé avec son épouse la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette fondation est accusée d’avoir, lors d’une séance de travail à l’automne 2019 avec l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg et le Forum économique mondial, prophétisé la pandémie actuelle. Or, comme l’expliquent les Décodeurs du Monde, il n’en est rien : il ne s’agit pas d’une prophétie mais d’une simulation.
Selon le Monde, le centre Johns Hopkins est une ONG internationale de santé publique qui « travaille à protéger la santé des populations face aux épidémies ». Elle mène des études financées par le gouvernement américain et des mécènes privés, comme la fondation de Bill et Melinda Gates.
Face au déluge d’accusations, le centre a publié un communiqué de presse le 25 janvier. Il confirme qu’un exercice de simulation de pandémie appelé « Event 201 », mené en partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates et le Forum économique mondial, a bien eu lieu en octobre 2019. Le scénario, tel qu’il avait été imaginé, prévoyait une épidémie dont l’épicentre se trouvait dans une porcherie au Brésil et qui allait causer la mort de 65 millions de personnes dans le monde.
Mais l’ONG affirme que cet événement n’a donné lieu à « aucune prédiction », il s’agissait d’une « pandémie fictive de coronavirus ».
Elle ajoute que « les données utilisées pour modéliser l’impact potentiel de ce virus fictif ne sont pas similaires au CoV-2019 ».
On pourrait ajouter, c’est encore plus important, que jamais le Covid19 ne causera soixante millions de morts, ni six millions, ni peut-être six cent mille. Mais le plus important est que de grandes fondations ouvertement liées à la révolution mondialiste ont simulé une pandémie un mois avant qu’il n’en apparaisse une en Chine. Et, tout aussi intéressant, cette simulation, selon son principal auteur, l’épidémiologiste Eric Toner, insistait sur les conséquences économiques de la pandémie, les marchés boursiers étant censés chuter de 20 à 40 %, et le PIB mondial de 11 %. Toner explique : « Le point que nous avons essayé de faire valoir lors de notre exercice en octobre, c’est qu’il ne s’agit pas seulement des conséquences sur la santé. Il s’agit des conséquences sur les économies et les sociétés »
Cet intérêt pour les pandémies et leurs dommages vus dans leur ensemble est une habitude chez les organisations à vocation mondialiste.
La Trilatérale a publié en 2015 son rapport sur les défis de la santé globale. Du Forum mondial de Davos on pourrait citer :
- Le risque de pandémies dans les villes d’aujourd’hui (2015)
- Renforcer la première ligne de défense en Afrique contre les pandémies (2017)
- Comment les épidémies infectent l’économie mondiale et qu’y faire ? (2018)
- Une mystérieuse épidémie X pourrait être la prochaine pandémie qui tuera des millions de gens, et combien il faut s’en inquiéter (2018)
- La psychologie des pandémies (2018)
- Exercice de simulation pour de vrai pour préparer les décideurs du public et du privé à réagir aux pandémies (2019)
- Comment préparer les pays aux pandémies (2019)
Se servir de la puissance des partenariats pour lutter contre les épidémies (2019)
et, tout à fait d’actualité :
- Les risques dont la nouvelle ère d’épidémies menace le commerce global rivalisent avec le changement climatique (2019)
https://www.weforum.org/agenda/2019/11/countries-preparedness-pandemics/
https://www.weforum.org/agenda/2018/08/the-psychology-of-pandemics/
https://www.weforum.org/agenda/2015/01/the-pandemic-risk-in-todays-cities/
https://www.weforum.org/agenda/2019/02/harnessing-the-power-ofpartnerships-to-tackle-epidemics/
On voit par cet échantillon à quel point les catastrophes de santé publique importent aux analystes et prévisionnistes des grandes organisations mondialistes, comment ils supputent sur leurs conséquences économiques, sociales et politiques, et comment ils les relient explicitement aux catastrophes écologiques.
Parfois, ces études débouchent sur des prédictions. La fondation Rockefeller s’est ainsi livrée en 2010 à un essai d’anticipation portant sur un avenir à moyen terme mais présenté comme il se doit au passé.
En voici la plus grande partie. J’ai conservé le titre original, Lock Step, de manière que le lecteur éprouve d’emblée la conception anglosaxonne du texte, avec ce que cela suppose de flou et de redondant.
Sous-titre : « Un monde où les gouvernements exercent leur domination de haut en bas plus étroitement et une direction plus autoritaire, avec des innovations limitées et une répression croissante des citoyens.
« En 2012, la pandémie que le monde avait anticipée depuis des années arriva enfin. A la différence du H1N1 de 2009, cette nouvelle souche de grippe, transmise à l’origine par les oies sauvages, était extrêmement virulente et mortelle. Même les nations les mieux préparées à la pandémie furent vite submergées quand le virus frappa toute la planète, infectant près de 20 % de la population mondiale et tuant 8 millions de personnes en seulement six mois, en majorité de jeunes adultes. La pandémie eut aussi une incidence mortelle sur les économies : la circulation des hommes et des biens freina à mort, affaiblissant des industries comme le tourisme et brisant l’ensemble des chaînes d’approvisionnement. Même localement, les commerces et les bureaux ordinairement actifs restèrent vides durant des mois, privés d’employés et de clients.
« La pandémie couvrit toute la planète, quoiqu’elle fît un nombre disproportionné de morts en Afrique, Asie du Sud-Est et Amérique centrale où le virus se répandit comme une traînée de poudre en l’absence de protocoles officiels destinés à limiter la contagion. Mais même dans les pays développés, cette limitation fut un défi. La politique initiale des Etats-Unis, consistant à “décourager fortement” les citoyens de fuir montra mortellement son insuffisance en accélérant la diffusion du virus non seulement sur le territoire US mais au-delà des frontières. Cependant, un petit nombre de pays firent beaucoup mieux – la Chine en particulier. En imposant sans retard le confinement de tous ses citoyens, en fermant tout de suite ses frontières de façon presque hermétique, le gouvernement chinois sauva des millions de vies, stoppa la diffusion du virus bien mieux que d’autres pays, et permit une reprise rapide après la pandémie.
« Le gouvernement chinois ne fut pas le seul à prendre des mesures extrêmes pour protéger ses citoyens de l’exposition au risque. Pendant la pandémie, des chefs d’Etat adaptèrent leur autorité, imposant des règles strictes et des restrictions, port obligatoire du masque, contrôle de température à l’entrée des lieux publics, gares ou supermarchés. Même quand la pandémie eut disparu, on continua d’exercer une surveillance étroite et un pouvoir autoritaire sur les citoyens, et cela s’accentua même. Dans le dessein de se protéger de problèmes globaux croissants, des pandémies et du terrorisme transnational à la crise de l’environnement et à la pauvreté grandissante, des politiques autour du monde s’octroyèrent un pouvoir plus fort.
« D’abord, la notion d’un monde plus surveillé fut mieux acceptée et approuvée par le public. Les citoyens abandonnèrent volontairement une part de leur souveraineté, et de leur vie privée, à des Etats plus paternalistes en échange d’une plus grande sécurité, de plus de stabilité. Les citoyens acceptèrent plus volontiers d’être surveillés et soumis à un pouvoir exercé de haut en bas, ils le souhaitèrent même, et les dirigeants nationaux eurent les coudées franches pour imposer un ordre qui les arrangeait.
Dans les pays développés, cette surveillance accentuée prit des formes diverses : des cartes d’identité biométriques pour tous les citoyens par exemple, et une régulation plus serrée des industries clefs dont la stabilité paraissait vitale aux intérêts de la nation.
Dans de nombreux pays développés, une coopération renforcée et une suite de nouvelles règles et accords restaurèrent lentement mais sûrement l’ordre, en même temps que, point important, la croissance économique. Dans le monde en développement, cependant, ce fut une autre histoire ».
Le texte, répétons-le, date de 2010. Cette « prophétie » est aussi intéressante par ses erreurs que par sa clairvoyance.
Le point capital est la louange de la Chine, qui, grâce à son régime autoritaire et sa transgression des règles démocratiques, vainc la pandémie et devient ainsi un exemple que suivront les démocraties – y compris après l’épidémie. Cette prophétie s’est actualisée aujourd’hui : le monde entier a loué la réactivité et l’efficacité du gouvernement chinois dans la crise du coronavirus (avant d’émettre tardivement des critiques, mais ceci est une autre histoire que nous examinerons plus loin).
La gestion de la crise par confinement, dans la droite ligne du totalitarisme communiste chinois, a servi de modèle à un grand nombre de pays. En envoyant des médecins conseiller les Italiens sur la manière de gérer l’épidémie et en suggérant un confinement généralisé, la Chine a provoqué un effet domino auquel personne n’a pu échapper, ni Trump, ni Boris Johnson, pourtant tous deux opposés au confinement. La pression médiatique a eu raison de leurs réticences. Après avoir modifié le potentiel de situation selon les enseignements de Sun Tseu en donnant un exemple médiatiquement irrésistible et en le reproduisant en Italie, les gouvernants chinois ont pu observer, sans agir, ce potentiel se développer. Nous arrivons à « Un monde où les gouvernements exercent leur domination de haut en bas plus étroitement et une direction plus autoritaire, avec des innovations limitées et une répression croissante des citoyens », les « chefs d’Etat adaptent leur autorité, imposant des règles strictes et des restrictions », « les dirigeants nationaux ont les coudées franches pour imposer un ordre qui les arrangeait » et les régimes démocratiques tournent à l’autoritarisme cher à Macron et si proche du régime chinois. Étonnante leçon de non-agir taoïste ! Même le professeur Raoult a exprimé son admiration pour la « vitesse de réaction » de Pékin.
L’OMS partageait ce sentiment dans son rapport publié le 28 février 2020 :
« La Chine a fait l’effort d’endiguement d’une maladie le plus ambitieux, intelligent et offensif de l’histoire ». Les décisions chinoises, selon ce rapport, « sont les seules dont il soit prouvé quelles interrompent ou réduisent la contagion entre humains. Ce qui est fondamental en elles est la surveillance très active qui permet de détecter les cas de maladie, un diagnostic très rapide suivi d’une isolation immédiate, un suivi rigoureux des contacts (tracking) avec un confinement y mettant fin, et un degré exceptionnellement élevé de compréhension et d’acceptation de toutes les mesures par la population. »
Ce qui signifie en somme une maîtrise totale de la population par le pouvoir. Cette maîtrise, l’OMS, dans le même paragraphe, regrette implicitement que les démocraties ne la permettent pas : « Une grande part de la communauté mondiale n’est pas encore prête, tant du point de vue matériel que par sa mentalité, à mettre en œuvre les décisions appliquées pour limiter le Covid-19 en Chine. »
Cette opinion de l’OMS surprend quand on relit, on en a parlé plus haut, les instructions données en 2019 par la même OMS contre les pandémies graves de grippe, ne recommandant ni le tracking ni le confinement, les preuves de leur efficacité étant faibles et leurs coûts (de toute sorte) étant « élevés ». Il semblerait donc que la Fondation Rockefeller savait mieux il y a dix ans ce qu’il convenait de faire et ce qui serait effectivement fait, que l’OMS l’an dernier.
Elle s’est cependant trompée grossièrement, comme l’OMS elle-même l’avait fait à plusieurs reprises (SRAS, MERS, grippe aviaire, Ebola, H1N1) sur deux points médicaux.
- L’ampleur de la catastrophe. Huit millions, c’est moins que les 65 millions de la fondation Bill et Melinda Gates, mais cela fait partie du même type de délires.
- La diffusion de la pandémie : dans la prophétie, c’est le Tiers Monde qui souffrait le plus d’emblée, dans les faits c’est le monde développé. La réalité n’a pas validé, et cela donne le sens, la signification de la prophétie : celle-ci visait à faire peur à l’Occident développé et à lui donner mauvaise conscience face aux pays pauvres.
Si l’on observe maintenant les simulations, anticipations et rapports dans leur ensemble, on s’aperçoit qu’ils ne correspondent que rarement à une quelconque réalité médicale, mais qu’ils sont étrangement véridiques quand ils décrivent, avant qu’elles n’adviennent, les procédures autoritaires des gouvernements et organisations internationales, et leurs conséquences sociales, sociétales et économiques.
Cela révèle cette fois leur véritable nature : ce sont des prescriptions.
Ils disent ce qu’il convient de faire aux dirigeants, aux fonctionnaires, et en bout de chaîne aux citoyens. Les déclarations actuelles des grandes figures du mondialisme confirment ce rôle. Elles tirent argument du coronavirus pour appeler le monde à se réformer afin de préparer le gouvernement mondial. Cela se passe au plus haut niveau.
C’est Antonio Guterres lui-même, le secrétaire général de l’ONU qui parle, et c’est Gordon Brown, ancien Premier ministre travailliste britannique, son envoyé spécial.
Gordon Brown, qui fut l’homme de la Communauté internationale pour organiser le sauvetage du système bancaire en 2008, a réclamé rien moins qu’un « gouvernement global », un « exécutif provisoire » pour concevoir et mettre en œuvre une « réponse globale coordonnée » au coronavirus.
Quant à Antonio Guterres, qui préconise la même chose, il est entré plus précisément dans le vif du sujet de l’après coronavirus. Il présentait solennellement le 31 mars au nom de l’ONU, en sa qualité de Secrétaire général, un rapport de portée générale
https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/sg_report_socioeconomic_impact_of_covid19.pdf
Définissant le coronavirus comme « l’ennemi commun de l’humanité », il prévoyait un happy end si, et seulement si, les nations répondaient à son appel : alors « la pandémie Covid-19 pourra marquer un processus de renaissance (rebirthing) de la société telle que nous la connaissons aujourd’hui en une société où nous protégeons les générations présentes et futures. » Autrement dit, le coronavirus sonne la fin du monde ancien et nous donne l’occasion de le remplacer par une nouvelle Terre. Le mot rebirthing fut inventé par le californien Leonard Orr dans les années 70, c’est « une méthode de développement personnel visant à revivre le « traumatisme » de la naissance par la « respiration consciente » en vue de libérer son propre potentiel ». Une sorte de mystique New Age qui rappelle la chanson Imagine de John Lennon. Pour la « famille humaine », Guterres détaille l’urgence de « l’approche globale ». Nous vivons un « moment déterminant » pour installer « sur le plan géopolitique » un « leadership politique fort » multilatéral. Pour Antonio Guterres, l’établissement du gouvernement mondial est imminent.