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Il y eu d'abord, bien avant de "savoir" lire et écrire, ce jeu auquel je me livrais. Enfermé des journées entières à l'affilée, sans interruption, sauf pour manger, je me droguais pendant des heures à colorier toutes les lettres qui se ressemblaient. Tous les A, puis les E, les Be, les Ce, les Re... je les recouvrais d'une couleur chacune, une à une. Pour ce faire, je barbotais les vieux Sélection de mon père. Il y avait aussi France Soir et le Canard enchaîné. Pourtant, malgré cette attirance innée pour la forme écrite, tout ce qui toucha l'apprentissage de la langue maternelle devint très vite ma bête noire à l'école. Zéro en orthographe, haro sur le vocabulaire, trois mauvais rôts avec la grammaire, rien à faire, la mixture ne passait pas.

 


P
ar contre, l'apprentissage de la lecture me permit de substituer aux lettres de l'alphabet dans les journaux - des mots. Je les recherchais en faisant courir mon index sur les phrases muettes de sens. Cet exercice, tout comme les lignes que l'on me donnait par centaines pour me punir, me procurèrent la même sensation que le coloriage des lettres.

Cela me rendait ivre.

Vint l'époque des rédactions qui atténuèrent les foudres de guerre de mes maîtres. 10 sur 10 - x à cause du reste, mais la moyenne quand même en cette matière. Dès lors, cadenassé à la maison, je m'exerçais à construire des phrases. Elles furent, au fur et à mesure, comme autant de sutures aux points d'usure ; usure provoquée par les injures que l'on m'envoyait sans cesse, comme des balles en pleine tête.

La "salivation" en écriture, telle que l'a décrite Salvador Dali pour la peinture dans son Journal d'un génie, cette salivation particulière apparue à la commissure de mes lèvres, avec la rédaction de mes premiers "poèmes". Depuis lors, cela ne m'a plus jamais quitté, même si pendant longtemps j'ai vécu avec la honte d'écrire.

- Rendez-vous compte, ça veut écrire et ça fait des fautes à tous les mots !




Écrire?


L'écoulement de mes encres

sur la page blanche

pisse la sueur,

comme l'accidenté pisse le sang

sur le bas-côté.

Souvent, très souvent,

ces écoulements dérangent,

démangent,

choquent le chaland,

provoquent des dérèglements,

des suintements,

libèrent tout un tas de sentiments,

ou de ressentiments.

Énervement des gens.

Pourtant,

je ne suis que le témoin de mon temps.

Après tout,

je ne fais que tremper ma plume dans les miroirs du réel alentour.

 

Qu'y puis-je ?

Qu'y puis-je si les mots pétris dans le pétrin des maux grandissants

se révèle être un matériau parfois violent ?

D'ailleurs,

la violence de mes mots n'est rien à côté de la brutalité environnante,

prégnante,

grimpante.

Et la brutalité environnante,

je la ressens profondément lorsque je regarde à 360°.

Pour tout dire,

il arrive régulièrement qu'elle m'échauffe le neurone,

au point de pousser ma plume

@

S'é-ner-ver !

Un peu, beaucoup, passionnément

comme un fou.


 

 

Publications : 

 

1981 - Décalage

 

1992 - Témoignage poèmique

 

1998 - Errance dans la ville

 

1999 - Extr'aime violence

 

2007 Les raisons de la colère

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Ecrire
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