VIA : BusinessBourse
Bien que beaucoup de gens accusent Donald Trump d’avoir divisé l’Amérique, cette nation était déjà désunie. L’élection de Trump a simplement ajouté un peu de couleur à cette fracture qui était déjà bien présente entre les deux camps désunis et désabusés.
Comme je l’ai expliqué au fil des ans, la désunion est la source systémique de l’effondrement – pas seulement au niveau des nations et des empires, mais des entreprises et des familles. En d’autres termes, la désunion est invariable et à échelle constante : elle décompose les mariages, les fortunes familiales, les partenariats, les grandes sociétés, les nations et les empires avec la même dynamique.
Lorsque des défis surviennent – car les nouveaux défis surgissent toujours – la famille, l’entreprise ou l’empire unifiés peuvent faire des sacrifices partagés nécessaires pour faire face à la crise de front, et non pas pour seulement survivre, mais pour s’adapter au mieux au système mis en place, (définit par Nassim Taleb comme étant un système de l’anti-fragilité et la façon dont on s’adapte à une nouvelle crise).
La famille, l’entreprise, la nation ou l’empire fragmenté par une profonde désunion est incapable non seulement de sacrifices partagés, mais de trouver un consensus partagé sur la manière de lutter contre les défis tels que la famine, la pandémie et la dépression économique.
C’est la nature de l’existence humaine qui fait que le sacrifice partagé est le ciment qui lie des individus et des groupes disparates en une entité unifiée et donc puissante. Dans les premiers jours de la République et de l’Empire romains, les citoyens les plus riches étaient lourdement taxés pour collecter les fonds nécessaires pour défendre Rome ou poursuivre les guerres et les conquêtes.
La classe patricienne servait comme officier dans l’armée et il était de son devoir de servir en première ligne, et dans certains cas (comme la terrible défaite de Cannes), les taux de mortalité au combat étaient plus élevés que chez les soldats ordinaires.
La désunion profonde se caractérise par la reconnaissance que les élites favorisées ne font aucun sacrifice, et cette injustice consume les liens de l’unité civile. Les élites profitent le plus du système, accumulant d’énormes fortunes et un grand pouvoir politique, tandis que les masses démunies font les sacrifices sur le champ de bataille et paient les impôts.
Cette désunion n’est pas seulement politique ; elle est sociale, économique et culturelle car la richesse des élites monte en flèche en corrélation directe avec leur refus de faire des sacrifices pour le bien commun.
S’accrocher par tous les moyens au pouvoir via des fondations philanthro-capitalistes n’est pas vraiment un acte de sacrifice ; c’est juste une pirouette aux relations publiques des bonnes vieilles accumulations élitistes d’influence égoïste.
Bien que les mécanismes soient obscurcis par les jeux financiers des banques centrales et de finances, les roturiers comprennent que les élites de la nation sont parasites et prédatrices, truquant les systèmes financiers et politiques pour qu’ils profitent aux dépens de la nation et de ses citoyens.
Bien qu’il soit pratique de diviser l’Amérique en deux camps, anti-Trump et pro-Trump, ces camps sont chacun fragmentés en intérêts disparates. Il n’y a pas de terrain d’entente concernant la nation et surtout absolument rien en commun pour ces deux camps qui s’affrontent constamment.
Alors que la réserve fédérale pousse le marché boursier vers de nouveaux sommets, les milliardaires américains ajoutent des centaines de milliards de dollars de richesse supplémentaires à leurs piles déjà obscènes – des piles largement épargnées par les impôts. En Amérique, le sacrifice est depuis longtemps une exigence des roturiers : ils combattent les guerres, ils paient les impôts, ils font le travail et ils sacrifient leur santé dans des emplois qui ne font qu’enrichir davantage les quelques-uns qui récoltent tous les bénéfices sans jamais rien sacrifier.
Alors que les élites parasites et gâtées d’Amérique se livrent à la débauche financière et sexuelle, à la fraude et au détournement de fonds, les roturiers se lassent du fossé grandissant en matière de richesse, de revenu, de pouvoir, de santé et d’éthique. Les élites gâtées et parasites d’Amérique ne sont pas seulement égoïstes, avides et prédatrices ; ils sont trop confiants et imbibés d’orgueil.
Inégalités des richesses: l’écart continue de se creuser Les révolutions ou les troubles sociaux sont souvent la conséquence de la misère économique vécue par les citoyens ordinaires
Quant aux roturiers – ils ont été fragmentés pendant des décennies en camps belligérants, se battant pour les mœurs sociales, le théâtre politique et toutes les frustrations des impuissants : aigris par l’érosion de la sécurité et de l’équité et les indignités de l’esclavage pour les entreprises qui enrichissent les quelques-uns tout en appauvrissant le plus grand nombre, épuisés par les insécurités du sous-emploi chronique et les exploitations de l’économie des petits boulots, les roturiers peuvent éventuellement trouver une cause commune à renverser leurs élites exploiteuses.
Ou ils peuvent simplement se retirer de toute la mascarade insensée et arrêter de payer les montagnes de dettes et arrêter d’essayer de soutenir le prétexte dérangeant du snobisme de la classe moyenne en faveur d’un mode de vie honnête et peu coûteux qui se passe de servitude envers soi-même, les élites avides et leurs tout puissants seigneurs technocrates qui possèdent la plupart de toutes ces grandes sociétés.
Est-ce que l’Amérique pourrait vivre une révolution à la française ? (14 juillet 2020)
Demander cela, c’est comme demander, est-ce que l’Empire romain Occidental pourrait tomber ? Oui, c’est possible, absolument. Sur la base des multiples sources de désunion profonde de la nation, l’effondrement n’est qu’une question de temps, je peux vous le confirmer, mais de-là à vous dire quand, personne ne le sait…
Source: zerohedge