par Marc Gabriel Draghi.
Le 17 janvier 2020, Emmanuel Macron a été exfiltré en urgence du théâtre des Bouffes du Nord, à cause d’une manifestation imprévue qui s’était rassemblée devant cette salle de spectacle parisienne, pour « saluer » notre président.
Énième épisode de tension et de défiance des politiques diront certains, moment historique et symbolique diront les autres. Ce qui est sûr c’est que Emmanuel Macron, malgré la force policière, ne peut plus se déplacer à sa guise (sans organisation lourde en amont) sur un territoire dont il est à priori le chef. Récemment, il confessait même craindre pour sa sécurité. Mais en ces temps de casse sociale du modèle français entreprise par ce Golem financier, on peut s’étonner de la déconnexion entre les mots du Président et son comportement naïf de vouloir se déplacer incognito dans ce théâtre des Bouffes du Nord qui témoigne de son manque de bon sens récurrent.
Il est clair que le chef de l’État n’a pas pris conscience de la gravité de la situation dans notre pays et de l’hostilité qu’il suscite chez une très grande majorité de Français. Les fortes contestations populaires en France, fixées par le mouvement des Gilets Jaunes et la réforme des retraites, sont en train de conduire à la désintégration des illusions républicaines. La façade de la République française et ses institutions sont en train de se fissurer en raison des multiples affaires (Macronleaks : la providence, financement de la campagne présidentielle 2017, l’affaire Benalla, médiocrités et affairismes des ministres et parlementaires LREM, passé professionnel et personnalité méprisante du chef de l’État, etc.). Le président qui n’avait d’ailleurs pas hésité à déclarer orgueilleusement à ceux qui s’opposaient vigoureusement aux réformes et aux affaires de la Macronie :
« Qu’ils viennent me chercher ! ».
Malheureusement pour lui, hier soir, il semble que certains aient décidé de le prendre au mot…
Mais cette défiance envers Macron repose surtout sur un réveil du petit peuple. En effet, les classes populaires sont en train d’entrevoir que derrière le paravent de nos séduisantes démocraties représentatives se trouvent les puissances d’argent. Et Macron (ancien associé-gérant de chez Rothschild) ne prend même plus le soin de cacher ses relations entre le politique et le financier.
L’affaire BlackRock (cf. le précédent article) semble donc être un point de basculement dans le mandat présidentiel de Emmanuel Macron. En effet, depuis la fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020, les Français ont eu l’immense plaisir de découvrir qu’une grande entreprise financière américaine, premier gestionnaire d’actif mondial « pourrait » avoir un lien avec les réformes entreprises par le président Macron et notamment la dernière en date : la réforme des retraites dite d’instauration du système de retraite universelle par points. Cette réforme qui entrainera la fin des régimes spéciaux (pour certains) et surtout la baisse généralisée des pensions de retraite des Français va permettre l’ouverture de celles-ci à un système parallèle de capitalisation privée.
Il nous faut maintenant comprendre l’influence que peut avoir une firme étrangère comme BlackRock sur notre gouvernement. On le sait, récemment plusieurs révélations ont mis à mal le gouvernement Macronien sur son manque de probité et sa possible corruptibilité. Tout d’abord, les préconisations de BlackRock émises en 2017 sur son site internet semblent avoir été docilement reprises (voir ici). La réception du PDG Larry Fink à l’Élysée en juillet 2019 illustre également la bienveillance du gouvernement pour les firmes du secteur. Puis enfin l’élévation au grade d’officier de la Légion d’honneur au cours de l’année 2020 de son représentant France Jean-François Cirelli.
Évidement les éléments de langage de notre gouvernement ont cherché à rassurer l’opinion publique sur ces allégations. Et c’est notre talentueux ministre de l’économie, Bruno le Maire, qui s’est illustré le plus brillamment en défendant la probité du gouvernement et l’utilité de la réforme devant les micros :
« BlackRock est un gestionnaire d’actif, donc BlackRock ne s’occupe pas des pensions de retraite. Donc on est en train de mélanger des choses qui n’ont absolument rien à voir ! On joue sur le fantasme, là où la responsabilité politique, c’est de traiter avec la raison, avec les faits. »
Parlons donc des faits Bruno, il est vrai que BlackRock n’est pas un fonds de pension, mais un gestionnaire d’actif, donc à priori, selon le ministre, il n’y aurait aucun rapport avec les retraites. Il serait donc bon de passer votre chemin les complotistes ! Mais en réalité, la firme dirigée par Larry Fink est bien impliquée dans la gestion des retraites de milliers de personnes dans le monde, activité notamment revendiquée par Isabelle Mateos y Lago, directrice générale de BlackRock Investment Institute, mais aussi présente sur leur site internet. En effet, sur leur site américain, dans les produits proposés figurent évidemment des pensions de retraite, pour les entreprises privées ou les institutions publiques, ainsi que toute une description des fonctionnements des régimes de retraite à contribution définie que gère BlackRock. D’ailleurs, Isabelle Mateos y Lago directrice générale du BlackRock Institute, le centre de recherche de BlackRock déclare explicitement dans des interviews vidéos publiques :
« gérer notamment les retraites des enseignants du Texas ou des pompiers de New York. »
Cette même Isabelle Mateos y Lago qui déclarait en 2017 implicitement que Macron pouvait désormais casser le système social protecteur des Français au profit des firmes d’argent. N’en déplaise à Lemaire, évidemment que BlackRock, en tant que consortium, gère les fonds de pension de très nombreuses entreprises et institutions publiques et privées dans de nombreux pays du monde. Et vous vous en doutez, sous la présidence Macron, c’est l’occasion de faire que la France ne soit plus une exception. D’ailleurs, c’est la sémantique sur laquelle Bruno Le Maire joue, car si BlackRock ne s’occupe pas de pensions de retraite en France, c’est parce qu’aucune entreprise ne peut s’en occuper, du fait du caractère public du système de retraite, géré uniquement par la Caisse nationale d’assurance vieillesse.
Nos complémentaires retraites actuelles, quant à elles ne s’occupent pas, à proprement dit de « pensions ». Par conséquent, oui notre grand dadais de ministre se moque ouvertement de nous, car si BlackRock ne gère pas de fonds de pension en France, et y est seulement présent comme gestionnaire d’actifs, il convoite néanmoins un marché dont il a déjà d’énormes parts dans d’autres pays. D’ailleurs, il est vrai que la bande des Macron, Lemaire et compagnie ne jouent pas cette partie uniquement pour l’entreprise américaine. Ils obéissent à des consignes venues de l’Union Européenne et font aussi preuve d’un certain « patriotisme » ou plutôt ils rendent aussi la pareille, à un bon nombre d’entreprises d’assurances françaises à l’image d’AXA dont le fondateur avait apporté son soutien à Emmanuel Macron en avril 2017.
De plus, pour achever notre argumentation face à l’affirmation mensongère de Bruno Lemaire, il est nécessaire de comprendre que la structure de BlackRock est certes très diversifiée, mais que les caisses de pension et autres institutions représentent bien 66 % de ses affaires ! Tandis que les investissements privés représentent quant à eux 12 % et les iShares (fonds négociés en bourse gérés par BlackRock) 22 %.
Aujourd’hui, pour la société, les États-Unis représentent 61 % du total de ses investissements, l’Europe 31 % et l’Asie 8 %. Notons que BlackRock est déjà le premier actionnaire d’une société américaine sur cinq. La firme possède aussi au moins 5 % du capital de quatre sociétés américaines cotées en bourse sur dix, comme JPMorgan, Chevron ou Walmart. En France le poids de BlackRock dans les entreprises du CAC 40 est également important. Déjà en 2016, la firme était actionnaire au sein de 18 sociétés du CAC 40 (Atos, BNP Paribas, Vinci, Saint-Gobain, Société Générale, Sanofi, Michelin, Safran, Teleperformance, Total…).
Ce qui peut donc aisément expliquer l’attitude docile de certains ministres et notre président, envers les exigences de cette société étrangère. Par conséquent BlackRock s’occupe bien de l’avenir de nos pensions de retraite et cette réforme leur sera très utile. Même si, sur le site français de la société, une opération communication tente maladroitement de désamorcer cette information. De son côté, notre jeune président n’hésite pas à répondre avec sa bienveillance légendaire, à un enseignant qui l’apostrophe sur l’influence de BlackRock sur la réforme des retraites :
« Vous patachonnez dans la tête ! »
Une réponse pleine d’estime et de respect pour son interlocuteur…
À Paris, dans les cabinets et agences de communication, on se dit sûrement que ces deux arguments de fond, énoncés par des énarques écervelés, vont certainement suffire à écarter tout soupçon d’influence de cette entreprise américaine sur la réforme du système de retraite français. Certains esprits tordus diront que ce n’est pas la première fois que Macron se comporte comme un défenseur des intérêts financiers américains, l’affaire de la vente d’une partie d’Alstom à General Electric étant, elle aussi, très révélatrice et à ne pas oublier.
Mais profitons-en, pour nous intéresser plus spécifiquement à l’identité de l’entreprise de Wall Street. La firme BlackRock démarre au cours de l’année 1988 à l’initiative d’anciens salariés de l’entreprise, Credit Suisse First Boston (CSFB), une banque d’investissement ayant pour clientèle des institutions, des entreprises, des agences gouvernementales et des particuliers. Ces trois anciens employés de CSFB : Larry Fink, Robert S. Kapito et Susan Wagner veulent alors fournir aux investisseurs institutionnels des services de gestion d’actifs et des risques. Le nom initial de cette firme est Blackstone Term Trust. D’ailleurs le fonds qui a permis sa création et levé 1 milliard de dollars était une filiale Blackstone Financial Management (BFM). Il est intéressant de savoir que Blackstone (la société mère) a été créée en 1985 par deux anciens de Lehman Brothers, Peter George Peterson et Stephen A. Schwarzman. En 1987, Roger C. Altman, un de leur ancien collègue (banquier d’affaires très respecté à Wall Street) intègre la firme lui aussi, après avoir quitté Lehman Brothers. D’ailleurs ce dernier quittera Blackstone en 1992 pour rejoindre le gouvernement de Bill Clinton, en tant que secrétaire du Trésor des États-Unis.
Pour revenir à BlackRock, en 1992, le fonds prend définitivement son nom actuel et la même année, il cumule déjà 17 milliards de dollars en actifs sous gestion, puis 53 milliards en 1994. L’un des secrets de ce développement à succès est un outil de gestion global d’actifs, dénommé Aladdin, celui-ci évalue les risques et aide BlackRock à investir ou à s’abstenir de le faire. Par voie de conséquence, le système Aladdin gère aujourd’hui 18 000 milliards de dollars chaque jour. En 1999, la société est introduite en bourse, puis reprend en 2006 la branche gestion d’actifs de la banque Merrill Lynch. À l’inverse de nombreuses entreprises d’investissement, pendant la crise financière de 2008, la société maintient sa santé financière…
En réalité, BlackRock profite très largement de la crise financière et acquiert son poids actuel. Avec la chute de Lehman Brothers, Wall Street est en pleine perdition : plus personne ne sait ce que recèlent les milliers de portefeuilles financiers, ce qui se cache derrière les dérivés, ce qui est toxique ou non, dangereux ou non. BlackRock comprend vite tout le parti qu’il peut tirer de cette situation. Depuis sa création, la firme a développé en interne son propre outil de gestion des risques, Aladdin, « capable d’analyser les risques d’investissement dans n’importe quelle action, de mettre en évidence où il faut vendre des obligations pour en tirer le meilleur prix, de suivre toutes les transactions, de combiner toutes les données pour trouver les informations essentielles pour les investisseurs », explique le Financial Times.
Après la crise financière de 2007, l’activité de la multinationale s’oriente vers les fonds négociés en bourse. En 2009, au plus bas du marché, la société double sa taille en s’offrant, pour 13,5 milliards de dollars, la société Barclays Global Investors. En 2010, l’entreprise annonce la création de sa propre bourse interne et en octobre 2017, BlackRock et BlackStone annoncent leur intention d’ouvrir des bureaux en Arabie saoudite pour contribuer à la diversification économique et financière du pays. En décembre 2018, le cumul d’actifs sous gestion de BlackRock dépassait les 5 980 milliards de dollars. La société a dépensé en 2018 plus de 1 250 000 € en lobbying auprès des institutions de l’Union européenne et organise des dizaines de rendez-vous avec les responsables de la Commission. BlackRock entend en particulier influer sur les questions de taxation et de régulation financière. D’ailleurs, pour ce qui est de son lobbying sur les institutions politiques, Daniela Gabor, professeure de macroéconomie à l’Université de l’ouest de l’Angleterre, a déclaré que :
« la Banque centrale européenne, qui sollicite BlackRock pour auditer les banques, n’a aucun pouvoir sur cette société. L’argument de BlackRock est simple : nous ne faisons pas de leverage, nous n’agissons pas comme les banques donc nous n’avons pas besoin d’être régulés comme une institution systémique. De fait, BlackRock passe sous tous les radars. »
En réalité, BlackRock a cela de particulier qu’elle exerce une influence politique importante grâce à son poids financier considérable. Ce dernier est le fruit d’une activité souvent frauduleuse, qui dans de nombreux cas est hors de contrôle des régulateurs, à l’inverse d’une grande partie du secteur bancaire traditionnel.
Avec l’affaire BlackRock et en pleine crise des retraites et du mouvement des Gilets Jaunes, Macron démontre encore une fois au grand public qu’il n’est qu’un obligé des grandes puissances financières. Sa maigre crédibilité s’est donc fracassée sur le rocher noir. Le navire Macron va-t-il pour autant couler ? Rien n’est moins sûr, les puissances d’argent, malgré quelques signaux faibles, sont toujours derrière lui.
Il lui reste donc encore deux années pour détruire les dernières protections sociales et les restes de l’appareil productif français, au profit de ses maîtres. En France, dans les jours qui viennent, nous pourrions peut-être aussi demander une destitution de notre président, car les soupçons de Haute Trahison et de compromission avec des agents étrangers ne manquent pas… À moins que le peuple n’en décide autrement et aille, un jour, « chercher Macron ». Mais ce ne serait pas suffisant, il faudrait surtout « chasser » ceux qui se trouvent derrière lui…
source : https://www.geopolitique-profonde.com/articles/blackrocked
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