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La  misère
 
 
 
 
 
Dangereuse blessure.
 
Aiguilles de pins dans le repli des pliures,
éclats de ronces sur le dessus de son mur...
 
- Au coeur, piqûre.
 
Âme dépolie dévalant sa pente,
statiques jaillissements,
boulle de verre phosphorescent...
Agonie lente.
 
Errance.
 
La rue
La nuit
Les bars
Les rues
L'esprit de la rue dans les rues et les bars de nuit.
 
Errance,
nocturne.
 Images !
 
Images dans le vide des yeux,
les yeux rivés au sol...
 
 
 
Errance.
 
Sous les pluies d'hivers
et diverses
des images dans sa tête se déversent:
 
Guerriers nues,
chamans exaltés
courant comme des fous
sur l'arrête des falaises;
se déplaçant à une allure folle,
comme des lucioles
portées par les alizés.
 
Tambours,
clochettes,
tambourins,
cuir de bêtes immolées,
peaux tendues
sur la bouche béante d'un arbre évidé.
 
Tiges de bois sacré,
frappant,
frappant,
comme pour recouvrir le bruit des lames de fond,
et le craquement de l'oracle
mis à sac,
par le rouleau des déferlantes déchaînées.
 
 
 

 
 
Errance,
Comme une transe,
Errance
dans les eaux sombres de la nuit.
 
Quelque part, au dessus de lui, le chant miraculeux des oiseaux qui annoncent la lumière du jour, avant même son entrée sur la scène du petit matin.
 
- Croissant s'il vous plais!!! (en passant la tête par la porte d'un fournil).
 
 
 
 
Un moteur tousse au loin,
une vieille femme sous le porche d'un immeuble neuf ; une vieille femme réfugiée dans le fouillis des cartons récoltés pendant la journée ; Une vieille femme, vous dis-je, dont la poitrine se soulève avec difficulté - raclant, il l'entend - raclant le fond de la gamelle de vie qu'on lui fait.
 
Présage ?
Signe des temps.
 
Au matin, les locataires de l'immeuble, eux-mêmes en situation précaire, iront quérir le gardien pour qu'il dégage cet immondice de leur passage.
 
Centres villes interdits
Misère
Hérétique.
 
Autant sortir de suite le zip et l'alcool à brûler,
pour zaper la grand-mère d'un retour de zipo sur le jean's.
 
Mirage ?!
 
Malheureusement - non.
 
- Tenez, pour votre petit déjeuner.
 
 
 
La misère, (se dit-il) ce peut être ...
une angoisse terrible,
une rue glacée dans la tête,
une pluie froide sur le cerveau,
une pluie d'hivers sous la peau.
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Il ya des nuits dans la ville,
qui n'en finissent pas de vous aplatir,
à coup de pic à glaçon.
 
La misère,
ce peut-être l'absence d'une porte à laquelle frapper,
ce peut être la solitude en somme,
cette fée particulière penché trop top sur le berceau,
avec son lot de cadeaux.
 
La misère...
ce peut-être le désespoir,
un trop grand bonheur,
une peur qui ne tarie pas,
un désir qui ne vient plus,
un sanglot qui t'étouffe au détour d'un soir sans fin.
 
Le corps en boule de la vieille dame vient de remuer. Vision cauchemardesque. Campée sur ses deux jambes décharnées, la Misère maintient la Vieille à terre avec son trident. Pris au piège, l'humain femelle se tourne et se retourne sur ses cartons détrempés. Son sort est cimenté. Sans doute la grand-mère le sait-elle. Ce qu'elle ne parvient pas à comprendre, c'est la sentence qui la condamne à cet enfer avant de trépasser. De quel crime peut-on bien l'accuser pour mériter un sort aussi funeste, bien plus terrible encore que celui réservé aux criminels.
 
- Hitler n'est donc pas mort. (Se dit-il.)
 
Marcher, marcher,
marcher sans fin dans le froid épais de l'oublie,
avalé par la ville,
digéré à petit feu sur le grill ,
ensuqué,
les yeux exorbités,
fixes,
sous des lunettes noires,
le long des trottoirs,
sur la limite des grands boulevards.
 
 
Il s'éloigne,
absorbé par le déferlement d'une émotion tintée,
avalé par la houle d'une impuissance horrible,
enveloppé dans la gouaille des pluies glacées,
enivré par le crépitement des premiers bourgeons
lancé à la tête du béton,
du goudron,
du verre,
du plexi,
de l'acier...
Comme un défi.
 
 
- Bordel !!! Pas moyen d'écrire sous la pluie. !!! Pas moyen d'écrire sous la pluie.
 
Tag(s) : #Société
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