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Une commande : collage sur bois, techniques mixtes 70X70 - collection privée

Une commande : collage sur bois, techniques mixtes 70X70 - collection privée

Exécrable promoteur de mon "travail"

je ne sais pas me vendre

Se vendre !

Quelle expression !!!!!

Cela me fait penser à un texte écrit en 2017 en réponse à une question qui me fut posée par une correspondante. La voici :

Un artiste est-il comme ces moines qui doivent apprendre à "renoncer" ?

Il se trouve que j’ai eu l’honneur d’avoir pour beau-père un ancien dominicain défroqué : Henri Desroche, père de ma compagne à l’époque. Rejeton d’une famille pauvre, résistant, insoumis face à l’église, s’en libérant, toutes choses qui n’ont pas manqué de nous rapprocher. Est-ce l’ascétisme gourmand que nous partagions également, chacun à notre façon ? Notre familiarité avec l’ascèse, par goût ou par nécessité, comme porte ouvrant sur la liberté intérieure et ses espaces infinis constituait également un lien, sans doute. Moi, tout jeune, lui, l’Ancien, érudit, sans étalage, en régime partage, comme on partage le pain. L’un et l’autre plongeant leurs racines dans le même terreau (d’une certaine façon), avec des directions, des cheminements différents, non sans parallèles parfois. Il n’était par rare qu’il s’adresse à moi en me désignant comme un petit frère. Avec un goût prononcé, partagé, pour les moments festifs accompagnés de bonnes chères et de bons vins.

Quant aux artistes et le renoncement...

Choisir la difficulté ou la facilité ? Autoroutes ou départementales, voire sentiers à défricher ? Face sud ou face nord ? Notoriété ou postérité ?

De quels artistes parlez-vous ? Des artistes qui passent plus de temps à se pavaner et à communiquer plutôt qu’à « travailler » ? Ou des artistes qui préfèrent « travailler » (quitte à crever de faim) ? Les premiers exprimant leur art au pied du chevalet à la va-vite, recherchant la productivité, la quantité plutôt que la qualité, faisant feu de tout bois du moment que le buzz est là. Quelques amis pleins aux as, une boite de pub et le tour est joué, vous voilà propulsé, le pantalon baissé sur les mocassins. Je le sais pour avoir failli être aspiré par cette pompe à merde. Heureusement j’eus, au même moment, une rencontre avec un personnage avancé dans l’âge: Lucien Durand en visite dans mon atelier (2009) à la veille d’une expo, rue de Seine ma chère, à Paris. Autant vous dire que j’étais dans mes petits souliers. N’avait-il pas serré la main de personnages m’ayant fait rêvé dans ma jeunesse ? Non pas seulement pour leur talent mais pour leur épaisseur, dont Monsieur Lucien Durant était lui aussi pourvu, en tant que découvreur.

Étonné que je sois le seul artiste à travailler dans cet atelier éclectique, il me parlait peinture, création artistique, littérature… À mille lieux du langage des galeristes, des éditeurs ou autres qui ne parlent plus aujourd’hui que d’artiche, pourcentages et ainsi de suite. Pour finir, mon visiteur me dit à peu près ceci :

 

- Sans remettre en cause votre peinture, je dirais qu’elle ne constitue pas une révolution. Elle tient la route… Par contre, vos collages et ce que vous dites au travers d’eux, c’est par ce truchement qu’il se passera quelque chose, plus tard… Les Artistes (pour la plupart) ne prennent plus ce genre de risque, pour ne rien dire, ou pas grand-chose, mais vous… C’est par là que ça viendra.

 

Alors qu’il venait de quitter l’atelier, les bobo-bonobo-bio qui s’apprêtaient à me lancer comme un « nain » dans une boîte de nuit de la côte d’azur, (temple de la vulgarité), me rabrouèrent pour ne m’être pas mis en avant, valeur ajoutée oblige ; pour ne pas avoir été vendeur devant cet homme dont j’avais tout à apprendre ; eux me prenant pour un produit dont l’étiquette se devait d’être racoleuse pour se retrouver un jour sur un rayon du supermarché de l’art, voire en tête de gondole. Quelle ambition !!! Sachant de mon côté à cet instant même que je les enverrai péter après l’expo, à ma façon. Ce qui fut fait  et  me coûta très cher en terme de rentrées financières.
 

Renoncer plutôt que me prostituer !

Non seulement Monsieur Durant m’a t-il encouragé à poursuivre mais me donna aussi la force et l’élan de rendre mon tablier, m’éloignant par le fait des guignols sus-évoqués.  Au surplus il fit le déplacement à la galerie, ce que me fit remarquer le galeriste qui le connaissait. Malheureusement j’étais absent mais cela signifiait quelque chose de bien plus important que le discours des obsédés du pognon. J’avais atteint ce à quoi je rêvais depuis ma prime jeunesse. « Bénit » en quelque sorte par ce Monsieur Durant qui me laissa une dédicace sur mon livre d’or, suivi d’un coup de téléphone qui valait pour moi tout l’or du monde. Le reste, je m’en fichais éperdument...

Artiste !

Dès qu’un artiste s’est rendu aux puissances d’argent il n’est plus qu’un propagandiste. C’est du moins l’opinion qui m’anime. Savez-vous qu’il existe en France, aujourd’hui, plus de 350 000 « poètes » qui se baladent avec des cartes de poètes dans le portefeuille, estampillées : Maison de la poésie financée par « l’état ». Cela en dit long vous ne croyez pas ? Tout le monde est artiste aujourd’hui, il suffit de le dire.

Concernant le renoncement j'y fus initié dés ma plus tendre enfance par la force des choses. Dis-moi jusqu’où tu es capable de renoncer et je te dirais combien tu es libre – ou non. Telle est ma façon de mesurer la Liberté exercée. Es-tu prêt à renoncer à la Vie pour l’amour de la Vie ? Si oui, alors tu es Libre, me dis-je… Donc, en vie, bien en Vie, libre. Telle est ma philosophie.

Par : Bernard-Alex Le Moullec

Artiste plasti'cœur

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